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Pour l’art et la culture aussi ce quinquennat est celui de l’échec

Augmentation du budget de la culture de 5% en 2017, fonds de professionnalisation de 90 millions d'euros pour favoriser l'emploi artistique stable, décret du 13 juillet 2016 sur le régime d'assurance chômage des salariés du spectacle… Le quinquennat en voie d’achèvement aurait-il donc été marqué par un effort significatif de l’État dans le champ culturel ?!

Que nenni ! Ce serait oublier les promesses du candidat socialiste à la présidentielle qui, en janvier 2012, déclarait vouloir "sanctuariser le budget de la culture" ; or, les budgets 2013 et 2014 ont été marqués par une baisse sans précédent, respectivement de 4% et de 2%, afin de "contribuer au redressement des comptes publics" ! L'annonce des +5% pour 2017 n'y suffira pas : on aboutira à une baisse du budget culture sur le quinquennat de plus de 2% en euros constants : la parole publique est ainsi contrariée par les faits et les bricolages électoralistes de dernière heure n'y suffiront pas. Si nous prenons acte du décret du 13 juillet, il doit avant tout être mis au crédit du mouvement des intermittents qui a contraint le gouvernement à faire le constat du vide juridique à l'UNEDIC, puisque le camp patronal et la CFDT ont refusé de reconnaître l'accord professionnel du 28 avril, pourtant signé par l'ensemble des parties, employeurs du spectacle et CFDT au niveau fédéral compris. Quant au fonds de professionnalisation, il n'est pas non plus sans rapport avec la mobilisation des intermittents, mais il faut rester vigilant quant à son effectivité dans un temps où la précarisation croissante des artistes fait rage.

Mais, au-delà des aspects strictement budgétaires, ce quinquennat a-t-il été marqué par une relance des politiques publiques de la culture, par un souffle nouveau permettant des avancées substantielles en matière de démocratie culturelle et de liberté de création des artistes ? A-t-on assisté à un recul de la marchandisation de la culture, à un plus grand respect du pluralisme des idées dans le champ médiatique ?

À toutes ces questions, nous devons, hélas, répondre par la négative. C'est ainsi que la grande loi sur la création, promise dès 2012, aura mis 4 ans et occupé 3 ministres pour advenir. Pour quel résultat ? Une loi sans souffle émancipateur et qui s'en tient à des principes généraux : ainsi, elle rappelle le principe de liberté de création et le rôle du service public mais ne s'en donne aucunement les moyens. Aucun volet de programmation budgétaire dans la loi « relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine » adoptée le 7 juillet 2016, aucune réforme en profondeur du système de soutien au cinéma, rien sur la lecture publique, le soutien aux plasticiens et aux auteurs, aucune mesure anti-concentration pour lutter contre les monopoles culturels, aucune fiscalisation des GAFA (acronyme désignant les grands acteurs du numérique, Google, Apple, Facebook, Amazon...). Sur ce dernier point, le comble de la soumission du gouvernement et de François Hollande aux grands acteurs du numérique réside aujourd'hui dans l'annonce de Michel Sapin : la France ne demandera pas sa part des 13 milliards de recettes fiscales réclamés à Apple par la Commission européenne !

Ce quinquennat a été marqué par des réformes territoriales antidémocratiques accompagnées d'une baisse drastique des dotations budgétaires de l’État aux collectivités territoriales, ce qui produit déjà des réductions très importantes des budgets culturels dans plusieurs communes, départements et régions. Des élus de droite et d'extrême droite prennent prétexte des baisses des dotations de l’État pour se livrer à une véritable chasse aux sorcières contre la liberté de création et d'action culturelle.

à encore, loin de permettre un meilleur maillage territorial, la politique menée fragilise les artistes, les compagnies, les lieux, les festivals et les acteurs culturels, aggrave encore les inégalités territoriales et sociales et met en cause la démocratie culturelle.

C'est ainsi que la création, l'innovation et les nouvelles formes d'expression artistique sont sacrifiées sur l'autel des restrictions budgétaires, de l'idéologie du temps court et de la rentabilité, de la soumission à une vision marchande de l'art avec comme finalité la marginalisation de l’acte artistique, le recul de la socialisation de l’art et l'aliénation des imaginaires.

Quant à l’éducation artistique et culturelle, elle reste quasi absente du projet éducatif, sous-financée et assumée très inégalement par les collectivités territoriales, ce qui creuse encore les inégalités et exclut les jeunes des milieux populaires de l'accès aux œuvres et aux pratiques artistiques. De son côté, le service public de l'audiovisuel fait l'objet de restrictions budgétaires majeures et un plan de suppression d'emplois sans précédent est en cours à France télévisions. Mais au-delà, on assiste à un abandon des missions de service public qui réduit le soutien à la création, obère la dimension culturelle de l’audiovisuel et ne respecte pas le pluralisme des courants d'opinion en régression constante depuis les 2 derniers quinquennats : toujours les mêmes experts en libéralisme accrédités, toujours le sensationnalisme de l'information qui attise les peurs et détruit tout espoir émancipateur. L'information est devenue une marchandise dans un paysage médiatique marqué par une concurrence guerrière entre grands groupes privés.

Finalement, ce quinquennat fut celui d'une gestion austéritaire de la culture, à l'image de la politique menée dans tous les domaines. Aucun souffle de gauche, aucune perspective de progrès. C'est d'une toute autre politique dont notre pays et notre peuple ont besoin pour construire une nouvelle émancipation sociale et culturelle, rompant avec l'aliénation des classes populaires. Dans le domaine culturel, comme au plan économique et social, ce quinquennat est bien celui de l'échec. Or, pour que les comportements de peur, de haine et de repli identitaire ne finissent pas par l'emporter jusqu'au fond des urnes, il faut une grande ambition culturelle et un service public assumé conjointement par l’État et les collectivités locales, avec les moyens nécessaires, pour favoriser une création toujours plus diverse, une culture de l'égalité et de la liberté, une société démocratique et solidaire.

Une telle ambition suppose une mobilisation offensive sur le plan des idées pour nourrir, contre le libéralisme et le populisme, les avancées sociales et le changement politique à gauche !

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Pour l’art et la culture aussi ce quinquennat est celui de l’échec

le 27 September 2016

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